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Intérieur / extérieur : le lien retrouvé

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Construite au 17e siècle, la Citadelle d’Amiens a gardé sa vocation militaire jusqu’en 1993. Fermé sur lui-même pendant des siècles, le site s’est métamorphosé pour accueillir les premiers étudiants de l’Université de Picardie Jules-Verne en 2018. Sa réhabilitation, avec extension et construction de bâtiments autour de la place d’armes, a été orchestrée sur 30 000 m2 selon une intention clairement énoncée par Renzo Piano en 2011 :

« Le site doit être ouvert et accessible à la Ville, à la vie de chaque jour, que l’ensemble soit tolérant et que, dans la journée, enseignement et vie quotidienne se mélangent. Tout tourne autour de la place. C’était une place d’armes. Cela devient un lieu de rencontres, d’échanges, de partage puisque c’est justement dans la place que l’Université se réalise. La Place, c’est un lieu dans lequel les différences s’estompent, les expériences se mélangent et les peurs disparaissent. »

Un quartier déverrouillé 

La Citadelle se trouvant au cœur d'un nœud urbain, il fallait selon Paul Vincent, « créer du lien entre le quartier Nord de la ville, mal doté, et son centre. » Ainsi, le désenclavement du site passe par la création d’espaces publics ouverts à tous, comme la place d’armes, la rue traversante est / ouest et le Parc public des Hauteurs avec ses trois bastions et la terrasse haute du casernement. Avec le concours de Jean-Maurice Moulène, alors Directeur du projet Citadelle pour Amiens Aménagement, Sabine Germe, chef de projets structurants pour Amiens Métropole, les ingénieurs d’AIA Ingénierie et l’Université Picardie Jules-Verne, le parc public de dix hectares dominant la ville d'Amiens a pu relier les quartiers riverains. Ce maillage préfigure d’ailleurs celui d’une vaste emprise (50 hectares environ), située au nord et en entrée de ville d’Amiens, en cohérence avec les enjeux du projet Métropolitain. 

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UNE UNIVERSITÉ MULTI USAGES

Connecté avec la ville, le site a été conçu pour rester vivant en dehors de l’année universitaire.

Au-delà de l’ouverture topographique des lieux, l’équipe RPBW a délibérément cultivé l’ouverture sociale et culturelle du site universitaire.

« Renzo Piano a tout de suite proposé d’ouvrir la Citadelle le plus possible sur les quartiers environnants en créant le maximum de porosité, de transparence, en accueillant les habitants, les touristes, en plus des étudiants et des enseignantsLes nouveaux quartiers dans les villes sont de plus en plus fermés sur eux-mêmes, l'urbanisme se bâtit avec un manque d'ouverture vers les autres, sans mixité sociale, on crée des mini-ghettos... Si on continue, on finira avec des rues fermées avec des portails! »

Paul Vincent, architecte en chef du projet Citadelle -Université d’Amiens

Avec l’aide du Bureau Olivier Caro (B.O.C), le projet a mutualisé les nouvelles fonctions du site. Olivier Caro, spécialiste des usages, a joué selon Paul Vincent un rôle d'anthropologue, pour repérer les comportements des Amiénois et adapter le projet de l'UPJV à leurs attentes. Marie Pimmel (architecte RPBW) a pu ainsi rédiger vingt fiches de mixité des usages pour qu’il soit possible de prêter ou louer les bâtiments universitaires le soir, le week-end, pendant les vacances.

Le gymnase, par exemple, situé hors des murs de la Citadelle, près du quartier Nord, a été relié à l’ancienne enceinte fortifiée par une passerelle métallique de 45 mètres. Premier jalon de la reconnexion de la Citadelle avec la ville, il peut servir aux jeunes sportifs le week-end, mais aussi de salle d’examen (avec une mezzanine de surveillance), d’espace d’exposition ou de concert. Cette polyvalence est née des échanges entre Paul Vincent et l’élu chargé de la culture qui cherchait une salle et avec l’UPJV qui se demandait comment organiser des examens de façon plus efficace… De la même façon, l’équipe de RPBW a proposé que l’amphithéâtre de 500 places soit équipé d’une régie pour accueillir du théâtre et du jazz. La bibliothèque, elle aussi, est ouverte au public avec des espaces différenciés sous la verrière, en fonction des saisons. Le self du CROUS, ouvert tard le soir et le week-end, donne la possibilité d'aller partager une pizza dans le parc à l'heure où, d'ordinaire, les étudiants rentrent seuls dans leurs résidences. 


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Des surfaces en harmonie avec les éléments

Dans les bâtiments de l’université, neufs, rénovés ou hybrides, sur la place, dans les espaces intermédiaires, les éléments naturels sont eux aussi invités à enrichir la vie du lieu. Grâce à de nouvelles technologies créées pour ce chantier titanesque, les interactions entre intérieur et extérieur ont été repensées, pour le confort des usagers et la gestion intelligente du bâti.


« La gamme Schüco FWS 60 a été retenue par notre Bureau d’études Façades. Ses demi-épines fines et son aspect acier correspondent parfaitement à l’esthétique souhaitée par RPBW. Des ouvrants discrets ont également été ajoutésNous avons pré-monté les blocs en atelierSur place, nous avons intégré les vitrages et ajusté le projet en relation constante avec l’architecte. L’exigence de Renzo Piano, l’excellent rapport de confiance avec Paul Vincent, leur esprit d’innovation, ont été une source d’inspiration pour nous pendant toute la durée du chantier. »

BERTRAND PEUBLE - Dirigeant de la société PMN qui a installé les façades